×

index about portraits manifeste vidéo son événements crédits
Je recherche le fix. Le shoot.
Ce qui peut m’ébranler en microdose.
Rappeler à mon corps ce qu’il connaît trop bien.
Le drame.

Mon système toujours activé, je quémande.
Et mon corps s’épuise, lentement.
Je ne sais ce que c’est que d’être calme.
Je ne connais que la rage, l’impatience et la honte,
comme une drogue.
Je le sais bien,
même très bien que l’ennui est ma salvation,
ma délivrance.
Mais au fond de moi,
encore présent,
dans une cavité
pourrit ce mal en quête de drame.

Je veux du sale,
Je veux des cris,
Je veux des larmes,
t’insulter
et voir rougir mon visage.
Je veux hurler à en perdre ma voix.
Je veux pleurer à en révulser mes yeux.
Je veux détruire.
Encore et encore.

Renverser la petite boîte à souvenirs sur la commode.
Déchirer les photos.
Trahir nos promesses.
Te blâmer pour tout.
Partir sans un regard.
Me plaindre que la vie est une sale conne.
Me plaindre comme si j’étais maudit.
Me plaindre comme si c’était pas commun.
Me plaindre comme si elle m’avait choisi, moi, la vie
pour tout faire péter.

Même si je sais au fond,
dans une autre cavité tout aussi dégueulasse,
que je ne suis qu’un dommage collatéral
d’un grand tout incontrôlable.
Que des comme moi il y en a à la pelle,
des hystéros en rage,
des tpg salis par l’insulte,
des pétasses tuméfié..es,
modifié..es par la violence
par la haine
et la honte.

Même si je sais au fond,
que ce n’est pas mon désir,
que ce n’est pas ma voix,
que ce n’est pas ma drogue,
que ce n’est pas toi,
ni moi.
C’est lui.
Lui avec un grand L et toutes les traces
qu’il y a laissé.
Lui générique.
Lui lui lui lui
et lui.

Même si je sais au fond,
que nos blessures ne nous réduisent pas seulement à l’état de victime,
qu’elles nous poussent aussi à la violence,
au refus,
à cette envie irrépressible de ravages,
à ce besoin de n’être défini..es qu’à travers elles,
à cette hypocrisie,
à cette folie.

Je pourrais mentir encore et encore
dire que le mal s’en est allé.
Je pourrais te regarder droit dans les yeux
avec à mes lèvres une gentillesse feinte.
Je pourrais me contrôler,
serrer ma mâchoire et te répéter
comme une trahison :
tout ça est derrière moi.
Je pourrais, mais,
peut-être trop préoccupé que le mal
me pourrisse davantage,
se meuve de proche en proche,
j’ai enterré ces mensonges,
blessé d’y avoir cru.

J’ai vomi ces mots putréfiés,
ces rêves de linéarité,
et de pureté,
me suis relevé,
ma tête contre la mienne,
yeux dans les yeux, face au miroir,
pour accepter cette triste vérité :

Je suis un être inachevé.
Imparfait.
Contradictoire. Accidenté.
Le sédiment de tout un tas de bâtardises.



texte : LÉA BRAMI
visuel : GATA